Dual Boot like a pro!

Avant le Dual Boot… Le Boot

Commençons par un peu de vocabulaire

Lorsque vous appuyez sur le bouton power de votre ordinateur, le courant se propage instantanément à travers votre carte mère et ses différents composants, dont votre processeur, ou CPU. Seulement votre CPU est une machine à interpréter des instructions binaires, sous la forme

instruction paramètre-1 paramètre-2 ... pointeur-où-stocker-le-résultat-calculé

Il n’est donc pas vraiment malin et ne va pas de lui-même inventer des instructions à interpréter pour se créer une structure mémoire cohérente, un environnement graphique etc. Il va donc avoir besoin d’un pré-programme, qui va lui servir sur un plateau les premières instructions dont il va avoir besoin pour prendre ensuite le relais et devenir autonome. Ce programme s’appelle le Basic Input Output System, ou BIOS. Le BIOS va donc chercher à certaines adresses mémoires bien précises, qui vont permettre de charger en mémoire tout un environnement compréhensible et pilotable par l’utilisateur, d’où son nom: Operating System, ou OS. Tout ce processus s’appelle le boot. C’est un enchaînement d’opérations critiques très bas niveau, qu’il est délicat de modifier, et c’est ce qu’on va détailler ici.

Mais qu’est-ce que c’est un Dual Boot alors?

Un Dual Boot, c’est le fait d’avoir deux OS installés sur sa machine, et de pouvoir choisir entre les deux. Vous imaginez donc bien qu’on ne peut pas juste demander au BIOS de choisir entre deux sets d’instructions à envoyer au processeur au démarrage, c’est bien plus complexe que ça, d’où ce tutoriel.

Dans la suite, nous allons nous mettre dans la peau d’un utilisateur qui souhaiterait installer une distribution Linux à côté de son installation Windows.

Le BIOS et le choix des périphériques

Vous aurez peut être remarqué lorsque votre ordinateur démarre, généralement lorsque vous voyez un gros logo de la marque de votre ordinateur s’afficher, un petit message en bas à gauche de votre écran indiquant quelque chose comme ça:

Press <Esc> for BIOS, <F2> for boot menu

Les touches indiquées dépendent du fabricant de la carte mère de votre ordinateur, qui est généralement le même qui a assemblé votre PC.

Si aucune touche ne s’affiche, pas de panique! Il s’agit généralement de l’option Fast Startup de Windows, qui lors de l’extinction de votre ordinateur, le plonge dans une espèce d’état hybride de veille très profonde. Pour accéder au BIOS, il vous faudra aller dans Windows et ensuite dans Settings > Updates & Security > Recovery et cliquer sur l’option Restart now en dessous de Advanced Startup. Au redémarrage, dans le menu qui s’affichera, faites Troubleshoot > Advanced Options > UEFI Firmware Settings > Restart et vous devriez enfin avoir accès à votre BIOS :sunglasses:

En appuyant sur celle correspondant au BIOS, vous verrez s’ouvrir un menu, dans lequel vous pourrez modifier l’essentiel des paramètres que va utiliser le BIOS pour démarrer votre processeur et donc votre ordinateur. Ce sont généralement des paramètres assez avancés qui ne vont pas nécessairement vous intéresser, à quelques exceptions près:

Nous allons voir chacune de ces options une à une.

Pour les petits curieux qui voudraient savoir à quoi servent les autres options du BIOS : l’essentiel servent à définir comment votre BIOS va passer la main sur les périphériques à votre OS, et dans l’immense majorité des cas, vous n’aurez jamais à vous soucier de ces paramètres.

L’UEFI d’une carte mère GIGABYTE

Les priorités de boot

L’un des paramètres essentiel du BIOS, vous l’aurez peut être deviné, c’est le disque, ou plus généralement le système de stockage sur lequel il va aller chercher les premières instructions à envoyer à votre processeur. Comme pour un OS est fait pour surtout ne jamais modifier ces instructions-ci sur le disque où il est installé, nous allons devoir utiliser un périphérique externe, souvent une clef USB, ou un lecteur CD/DVD sur les plus vieilles machines, sur lequel le BIOS va faire booter l’ordinateur. Il va falloir alors venir sélectionner notre clef USB dans cette liste.

Le secure boot

Cette option vise à protéger votre ordinateur contre des programmes pirates qui voudraient accéder à vos données. En effet, ceux qui ont déjà booté une clef d’installation Linux auront remarqué que l’on peut accéder à toutes les données du disque dur, et ce sans aucun mot de passe. Problématique si l’on travaille pour une entreprise qui possède des données sensibles non? C’est pourquoi il existe l’option secure boot qui va, au démarrage de l’appareil, vérifier que le programme que le BIOS essaie de faire charger à l’ordinateur contient bien une clef de validation parmis une liste pré-déterminée par le fabricant de votre machine. Or, malgré des tentatives de nombreuses distributions Linux d’obtenir de telles clefs, certains fabricants restent réticents. Heureusement, il est très facile de désactiver une telle option, moyennant cependant généralement une petite manipulation. En effet, si n’importe qui pouvait désactiver cette option aussi facilement, cette sécurité serait inutile.

La méthode consiste en l’utilisation d’un mot de passe pour accéder au BIOS. Mais je n’ai pas eu à taper de mot de passe, me direz vous. C’est normal, c’est à vous de le définir! L’idée étant que dans le cadre de données d’entreprise classées, le service IT définisse un tel mot de passe avant de vous passer cet ordinateur, pour être sûr que vous ne risquiez pas de faire de bêtises. En effet, une fois ce mot de passe défini, il vous faudra le renseigner à chaque fois que vous voudrez accéder au BIOS. Pour ce faire, vous trouverez dans l’onglet security de votre BIOS un champ Administrator’s password. Il vous suffit de le définir et de rebooter votre machine pour l’activer et accéder à votre BIOS avec les droits admin qui vous permettront de désactiver le Secure boot (Attention: dans le BIOS votre clavier est certainement en QWERTY). Une fois votre dual boot terminé, vous pourrez aller retirer ce mot de passe (en laissant le champ vide).

Un mot de passe BIOS empêchera quelqu’un de booter sur une clef et d’accéder à vos données, mais pas de sortir votre disque de votre ordinateur, le brancher à un autre et accéder à vos données. Pour une sécurité plus complète, il vaut mieux encrypter son disque. Certaines distributions le proposent par défaut, mais il faut cependant noter que ça ralentira considérablement le boot de votre ordi, du fait du décryptage.

Les options concernant l’USB

Il est possible que votre clef de boot n’apparaisse pas lorsque vous regardez vos priorités de boot. Deux causes possibles :

Il est possible que votre BIOS vous parle de UEFI ou de Legacy, surtout si votre ordinateur est un peu vieux. Et ça tombe bien, c’est ce dont on parle juste après.

Le Legacy et le UEFI

La technologie du BIOS remonte aux années 70, et n’a que très peu évolué. C’est pourquoi il a fallu la moderniser en la remplaçant dans les années 2000 par le standard UEFI. L’ancien standard s’est donc logiquement fait renommer Legacy. Ici le choix est simple: si votre BIOS vous propose de choisir entre les deux, l’UEFI est plus moderne, plus sécurisé (notamment immunisé à certains malware), c’est donc même pas une question, choisissez l’UEFI. Si vous n’avez pas le choix et que vous voulez savoir quel est le standard de votre ordinateur, suivez ce guide, mais globalement, si votre souris est active dans le BIOS, c’est forcément du UEFI, et si votre ordinateur se fait vraiment vieux, c’est probablement du Legacy.

Choix du mode de boot

Aujourd’hui, on regroupe indifféremment les BIOS et l’UEFI sour le terme BIOS

Et enfin: le boot

Une fois que vous avez réglé tout les détails nécessaires dans le BIOS, vous pouvez sauvegarder et redémarrer votre machine (en appuyant sur F10 généralement).

Partitionnement, File System et Chargeur d’amorçage.

Houlala en voilà des nouveaux termes :face_with_one_eyebrow_raised: ! Ne vous inquiétez pas, on va tout détailler ensemble, pas à pas.
Sachez simplement qu’on passe à l’étape qui différencie le n00b de l’installation Linux du véritable haXX0r avec beaucoup de swagg: la préparation de votre disque.
Si vous êtes très pressé et voulez entrer directement dans le vif, vous pouvez rendez vous dans la partie suivante

L’outil de partitionnement que j’utilise ici s’appelle gparted, et on le trouve sur l’essentiel des lives USB, sauf celles qui viennent avec KDE, sur lesquelles on trouve un équivalent: partitionmanager

Le MBR et le GPT

Tout d’abord, votre disque dur, comme tout périphérique de stockage, peut être séparé en différents blocs de données indépendants, que l’on appelle des partitions, et qui se comporteront comme autant de disques durs du point de vue de votre OS. Pour connaître les partitions présentes sur votre disque, votre ordinateur va avoir besoin d’une sorte de carte pour savoir à quel endroit commencent et finissent physiquemenent ces partitions sur votre disque. Cette carte s’appelle une table de partition. Il existe deux types de table de partition:

Pour y rémédier, il y a été créé une distinction entre les partitions de types primaires, et les partitions de type extended, qui sont grosso-modo des partitions de type primaires que l’on peut ensuite subdiviser en sous partitions, mais cela ne règle le problème que partiellement parce qu’il est recommandé de toujours installer son OS sur une partition de type primaire

Et COMME PAR HASARD, Windows se crée généralement une partition de données et 3 partitions soi-disant système, donc dans ce genre de configuration, il vous sera obligatoire de supprimer votre partition “recovery” par exemple

Création d’une nouvelle table de partition sous gparted

Vous remarquerez qu’il y a beaucoup plus de possibilités que juste msdos et gpt. Cependant, l’essentiel de ces formats n’existe quasiment plus, ou est utilisé dans des cas extrêmement particuliers

Attention cependant, lorsque vous créez une nouvelle table de partition, il est courant que gparted sélectionne msdos par défaut, veillez bien à la passer en gpt

Et moi, mon disque il est comment?

Si vous en êtes à l’étape du partitionnement de votre installation Linux, vous devriez pouvoir récupérer cette info dans l’utilitaire de partitionnement (sous gparted, Affichage > Informations sur le périphérique), mais généralement, si votre système est de type Legacy, votre table de partitionnement sera en MBR (il est quasiment impossible de faire fonctionner du GPT avec du Legacy), si votre système est en UEFI, votre table de partitionnement sera en GPT (le MBR marche très bien avec l’UEFI mais n’a quasiment que des inconvénients)

Disque vierge avec une table de partition gpt

Et si j’ai un disque en MBR et que j’aimerais bien passer en GPT par commodité? Eh bien malheureusement, il est impossible de convertir un disque en MBR vers du GPT à moins de l’effacer entièrement. C’est pourquoi il faut faire attention à bien choisir sa table de partition lors du formattage de son disque.

Mais pourquoi partitionner?

Pour plein de raisons. Quand on fait une installation Linux, on peut tout à fait décider tout mettre dans une unique partition et puis c’est tout. Mais créer différentes partitions peut avoir de multiples avantage. Notamment, ces différentes parties sont considérées comme des disques durs indépendants par votre OS, ce qui permet de les préserver les unes des autres si l’on fait des fausses manip, de conserver ses données intact sans avoir à faire de laborieuses copies sur des disques durs externes lorsque l’on décide de changer de distribution, etc…

A l’ère des HDD, il existait une pratique qui consistait à créer une partition sur l’extérieur de son disque dur, c’est à dire la partie qui tourne le plus vite, et permettait de charger plus vite les logiciels installés dessus :female-student:

Les formats de système de fichier

Lorsque vous créerez vos partitions, l’utilitaire de partitionnement vous demandera de choisir un système de fichier, ou file system. Il faut bien comprendre que votre disque dur, il va juste écrire des 0 et des 1 à des emplacements mémoires. Se pose alors la question, quand on crée un OS, de la façon dont on va enregistrer nos données, créer une arborescence de fichier, etc. Evidemment, tout le monde fait pas tout ça de la même façon. Si je viens voir dans votre chambre la manière dont vous avez rangé vos cours dans vos étagères, il y a de grande chances que ça soit différent de chez votre voisin. Ben là c’est pareil: chacun son système de classement. Il y a les fat (fat16, fat32, exfat, vfat…) et le ntfs, créés par Microsoft, il y a le hfs et le hfs+ créé par Apple, et comme sous Linux chacun développe son truc comme ça lui chante, il y en a toute une floppée, les plus classiques étant la famille des ext (ext2, ext3, mais seul le ext4 est encore réellement utilisé), le btrfs, le zfs… Chacun apportant son lot d’avantages et d’inconvénients. Pour les débutants, je suggèrerais de se contenter de l’ext4 qui est une valeur sûre. Et pour ceux que ça intéresse, allez voir ici

Les différents systèmes de fichier proposés par gparted

D’ailleurs, on est pas obligés d’utiliser un format “Linux” pour installer Linux. On peut très bien se faire un système de fichier en ntfs par exemple… C’est jute très déconseillé, mais c’est possible… :see_no_evil:

Et le swap, c’est quoi?

Alors les plus observateurs auront remarqué le format de fichier appelé linux-swap. S’il y a Linux dans le nom, c’est que ça marche bien avec non? alors oui et non. En fait, le swap, c’est une invention de la communauté Linux, destinée aux vieux ordinateurs qui n’avaient que peu de mémoire vive. Basiquement, le principe d’une partition swap est qu’elle va être considérée par le système comme de la RAM (mémoire vive), et il va donc s’en servir comme tel.

On pourrait se dire que si l’intérêt de la RAM par rapport au disque dur c’est la vitesse d’accès au données, ça sert à rien de la prolonger sur le disque dur. C’est vrai, mais ici la structure de donnée est pensée pour être accessible bien plus rapidement, et cela permet surtout de soulager la RAM lors des pics d’utilisation intensive. Ca ne fera pas de miracles, mais sur les vieilles configurations, cela peut faire une différence significative.

De plus, le swap offre une autre possibilié intéressante: la mise en hibernation. C’est une forme de mise en veille plus profonde: en effet votre OS va copier le contenu de votre RAM dans votre swap, et s’éteindre entièrement. Lors du redémarrage, le contenu de votre swap sera simplement re-transféré dans la RAM, et vous retrouverez votre ordinateur dans l’état où vous l’aurez laissé.

Attention cependant si votre disque est un SSD. En effet, à limage des LEDs dont on compte la durée de vie en nombre d’allumages, on compte la durée de vie d’un SSD en nombre d’accès mémoire. Le swap pouvant augmenter fortement ces derniers, il se peut que vous accélériez le vieillissement de votre SSD. Beaucoup le font, mais c’est à vos risques et périls.

Le chargeur d’amorçage

En voilà un gros morceau. Vous vous souvenez du rôle du BIOS? Il envoie au processeur les premières instructions dont il a besoin pour charger un OS entier, et être autonome. Mais si notre objectif ici est de créer un Dual Boot, comment demander au BIOS de nous laisser choisir quel OS démarrer si on en a deux installés? Une solution serait d’installer chaque OS sur un disque dur séparé, puis de choisir sur lequel booter au démarrage. C’est envisageable, mais ça suppose d’appuyer à chaque démarrage sur la touche de menu de boot, de connaître le matricule un peu barbare de chaque disque et de savoir quel OS est installé sur lequel, mais surtout, ça suppose d’avoir deux disques durs dans son ordinateur! Autant dire que ce n’est pas évident. C’est ici qu’intervient le chargeur d’amorçage. Au démarrage, le BIOS va lui passer la main, et celui-ci va pouvoir afficher un petit menu dans lequel vous allez pouvoir choisir sur quel OS booter. C’est beaucoup plus esthétique en plus d’être une solution beaucoup plus propre.
Il en existe beaucoup, les plus connus étant GRUB (plus précisément GRUB2) et rEFInd. Linux fonctionne évidemment avec les deux, mais installe par défaut GRUB, qui est très poussé et fonctionne parfaitement dans l’écrasante majorité des cas.







hierarchy



Allumage

Allumage



BIOS

BIOS



Allumage->BIOS





GRUB

GRUB



BIOS->GRUB





Windows

Windows



GRUB->Windows





Linux

Linux



GRUB->Linux





Séquence de démarrage d’un ordinateur

En fait, le chargeur d’amorçage fait bien plus que ça: il charge différents programmes nécessaires pour lancer votre OS. C’est pour ça que Windows a aussi son propre chargeur d’amorçage, bien qu’il ne permette pas de choisir quel OS booter, et que les distributions Linux installent systématiquement GRUB, même s’il n’y a pas d’autre OS: le chargeur d’amorçage est nécessaire. De manière générale, ce schéma est limité et le processus de boot est plus complexe, mais on s’en contentera ici :face_with_monocle:

Pourquoi mentionner le chargeur d’amorçage ici? Parce que généralement, il est installé sur la même partition que votre distro (distribution). Donc si par un bricolage maladroit (genre en copiant/collant une commande sans savoir ce qu’elle fait), vous bousillez votre install, vous ne pourrez plus accéder à Windows non plus, même s’il va très bien. Il est donc de bonne pratique de créer une petite partition en début de disque pour l’installer dessus.

3… 2… 1… Dual Boot!

Tant qu’on est sur Windows…

Le media d’installation

Ou sur Linux, peu importe, mais avant de se lancer, il vous faudra préparer un media d’installation ou Live CD/USB. Pour cela vous aurez besoin:

Le process est très simple et généralement assez guidé sur les sites officiels des logiciels de création de média bootable: vous insérez la clef USB, lancez le logiciel, réglez 2 - 3 paramètres si nécessaire, puis lancez l’installation, ça prend quelque minutes , et puis on est partis, votre média est prêt plus vite que vos nouilles instantanées. :checkered_flag:

Attention à bien sélectionner votre clef USB dans votre logiciel de création de média. Normalement vous ne devriez pas pouvoir écraser votre disque dur avec, mais vous pourriez effacer par inadvertance le contenu d’un autre périphérique branché à votre PC

Spoiler alert: à DaTA il y a des tonnes de clefs USB déjà toute prêtes :floppy_disk:

La partition windows

Une fois votre clef USB prête, il vous faudra libérer de la place pour vos nouvelles partitions. Pour cela, rendez-vous dans l’utilitaire de disque de Windows (clique droit sur l’icône de menu > gestionnaire de disques). Vous y verrez votre partition C: indiquée, et il vous faudra la réduire d’autant que l’espace que vous voudrez libérer pour votre installation Linux (clique droit sur la partition > réduire le volume). Si il refuse de réduire au delà d’un certain seuil alors que vous avez en théorie beaucoup de place disponible, il vous faudra défragmenter votre disque avant de recommencer l’opération (Ah, les joies du NTFS…). Si le seuil que vous atteignez maintenant ne vous convient toujours pas, libre à vous de faire votre réduction directement depuis votre live USB, mais il est possible que vous abîmiez quelques fichiers au passage (normalement rien de grave, mais à vos risques et périls)

Le BIOS

Si vous avez bien tout suivi au début du tutoriel, rien de bien compliqué: désactivez secure boot, activez le boot sur USB, et bootez sur votre USB avec le mode (Legacy / UEFI) qui convient.

Et maintenant, partitionnement.

Une fois que votre BIOS est configuré comme il faut, vous devriez booter sur votre clef USB. Mais qu’est-ce que ça veut dire exactement ? Et bien si vous avez bien compris tout ce que j’ai expliqué plus haut, c’est à la fois simple et un petit bijoux de technologie: votre BIOS va envoyer à votre processeur les instructions écrite sur votre clef USB et booter un OS complet à partir de celle-ci. Jusqu’au milieu des années 2010, les différentes distributions arrivaient même à faire tenir tout ça sur les 700 Mo d’un CD.

Et cet OS va avoir deux utilités: d’une, avoir toute les fonctionnalités nécessaires pour se copier et s’installer sur votre disque dur, et d’autre part vous permettre de tester ce dernier avant de vous décider.

Une fois décidé, les processus d’installation des distributions Linux sont tous plus ou moins identiques et tout à fait instinctifs, à un ou deux détails près, que nous allons détailler ici.

Maintenant que vous êtes booté sur votre clef USB, ne choisissez pas l’option d’installation, mais l’option d’essai, pour tester la distribution. Là, lancez GParted ou l’utilitaire de partitionnement de votre distribution, et vous êtes prêts à faire l’installation la plus propre de votre vie.

La plupart des opérations suivantes peuvent généralement être faites depuis l’installateur de votre distribution, mais il est plus propre de le faire de la façon suivante. Si votre dévolu s’est porté sur Debian ou un de ses dérivés directs (comme Kali), vous n’aurez pas accès à l’environnement live de test, et serez obligés de partitionner depuis l’installeur. Ou alors il faudra commencer par booter sur une clef Ubuntu par exemple, pour préparer votre disque.

Partitionner son disque

Pour un dual boot

En avant pour le Dual Boot! Mais maintenant qu’on sait tout ça, comment on procède? Si vous avez bien suivi le tutoriel jusqu’ici, vous devriez voir un layout (affichage) qui ressemble un peu à ça:

Partitionnement avant l’installation de Linux

Et bien voilà le genre de layout que l’on va vouloir obtenir dans notre cas:

Layout recherché pour un Dual Boot en GPT

Il est probable que vous ayez deux ou trois partitions Windows au lieu d’une. Si vous êtes en GPT, ce n’est pas un problème. En MBR, vous allez devoir faire des choix. Je vous suggère de privilégier la partition root (obligatoire) s’il ne reste qu’une partition primaire à créer, et le swap s’il y en a deux. S’il y en a trois, créez une partition logique avec la partition root et la partition home, puis un swap et le boot.

En MBR, voilà ce que vous allez chercher à faire:

Layout recherché pour un Dual Boot en MBR

Les noms sont assez explicites, mais nous allons les détailler ensemble.

Réfléchissez bien à la taille que vous voulez donner à vos partitions, car si elles sont en théorie toujours modifiables après coup, en pratique vous risquez de perdre des données et autres petits ennuis.

L’idéal est de mettre le boot au tout début du disque, et le swap à la toute fin. Cependant, Windows occupe généralement tout le début du disque, et s’il est facile de déplacer la fin d’une partition, en déplacer le début est très laborieux et sujet à des pertes de données: il faut déplacer tout les bits un à un d’un point à un autre de votre disque. C’est très long, et surtout, pas question de l’interrompre: vous perdriez quantité de données. Donc ne le faites que si vous êtes sûrs de vous.

Je ne peux vraiment pas accéder à du ext4 depuis Windows? Alors vous y arriverez peut être avec le projet Ext2Fsd, mais si c’était un remède miracle, ça se saurait…

Pour une installation de Linux seul

Lorsqu’on fait une installation de Linux seule sur son disque dur, voici le genre de layout que l’on va viser:

Le layout classique d’une installation Linux

Il est identique au layout précédent, à ceci près que l’on a pu ici mettre le boot au début et le swap à la fin.

N’oubliez pas de cliquer sur Appliquer toutes les modifications après avoir préparé votre layout dans GParted. En effet, il ne modifie pas votre table de partition en live (vous imaginez le bordel?), il faut donc valider les changements pour les appliquer.


Maintenant que votre disque est prêt, on peut reprendre notre installation. Les étapes s’enchaînent bien, jusqu’à ce que votre distribution vous demande le type d’installation que vous souhaitez. Le partitionnement manuel sera généralement sous le nom autre ou personnalisé.

Type d’installation sous Ubuntu

Vous arrivez alors sur une fenêtre qui vous liste l’ensemble des partitions:

Liste des partitions que l’on a préparé

On les identifie facilement. On va commencer par changer le périphérique où sera installé le programme de démarrage à notre partition de boot, ici /dev/sda4. Puis on va venir sélectionner chacune des partitions, cliquer sur modifier, et lui attribuer les propriétés souhaitées:

Utiliser comme Point de montage
/dev/sda2 Système de fichers journalisés ext4 /
/dev/sda3 Système de fichers journalisés ext4 /home
/dev/sda5 Espace d’échange (“swap”)
/dev/sda4 Zone réservée pour le chargeur d’amorçage BIOS

Voilà à peu près ce que vous devriez obtenir, à adapter en fonction du nom de vos partitions évidemment.

Il est à noter que les partitions ne sont pas nécessairement sur le même disque! C’est même recommandé lorsque vous possédez un petit SSD et un gros HDD: installez votre partition root sur votre SSD, pour que tout vos programmes démarrent rapidement, et votre partition home sur votre HDD pour avoir plein de place pour vos films, jeux et autre


Voilà! Votre Dual Boot est fait.

Pourquoi avoir fait un tuto aussi long juste pour ça?

Si on avait voulu juste apprendre à faire bêtement un Dual Boot, booter l’USB et cliquer sur Suivant sans réfléchir aurait suffit. Et c’est d’ailleur admirable qu’on arrive à simplifier le processus d’une distro à ce point. Mais en faisant tout ce que l’on a écrit ci-dessus, avec un peu de chance, vous aurez appris de nouvelles choses sur le fonctionnement d’un ordinateur et de Linux, et peut être même que vous aurez compris ce que vous avez fait. Alors, l’objectif est atteint. Parce que la philosophie de Linux, c’est pas de l’utiliser, c’est de le comprendre.